Jean François Jaume et Victor Jôme

 Deux frères au destin tragique durant la Grande Guerre

Grâce aux registres matricules, c’est le destin de deux frères que l’on découvre, l’un Mort pour la France et l’autre condamné à mort…

Une famille de sabotiers

Victor est enregistré à l’état civil sous le nom Jôme alors que tout le reste de la famille est nommé Jaume. Il est né le 8 avril 1885 à Bannalec (Finistère) au Quilio comme sa soeur Véronique née le 02 mai 1883. Ses frères aînés et sa sœur aînée sont nés à Clohars-Carnoët (Pierre le 15 décembre 1875, Marie Françoise le 27 octobre 1877, Marie Anne le 28 janvier 1880). Son frère cadet Jean François naît le 24 juin 1888 à Lignol (Morbihan) tandis que sa soeur Marie Augustine voit le jour le 25 juillet 1891 à Baud (Morbihan). Sa dernière soeur Marie Jeanne, naît le 9 janvier 1896 à Landeleau (Finistère) et épousera en 1916 Sébastien Pouliquen.

Signature de Marie Anne Jaume

Les parents de Victor, Mathurin Julien Jaume et Mathurine Marie Henriette Potier sont sabotiers itinérants mais la famille commence à se fixer à Landerneau au début du XXe siècle. C’est dans cette commune que Jean François Jaume épouse Marie Renée Madec le 23 janvier 1913, à l’âge de 24 ans.

Généalogie Jaume

Jean François Jaume Mort pour la France

Jean François avait les cheveux et les sourcils blonds, les yeux bleus, le front haut, un nez moyen, une petite bouche, un menton rond et un visage ovale. Il mesurait 1m56. Le registre matricule indique qu’il a un degré d’instruction de 2 et sait donc lire et écrire.

Il est incorporé au 132e régiment d’infanterie le 6 octobre 1909 (matricule 3012 au recrutement à Brest, classe 1908) et arrive au corps le dit jour. Jean François était soldat de 2e classe et il est envoyé en congé le 24 septembre 1911. Il obtient son certificat de bonne conduite. En 1908, il résidait à Lanvéoc puis le 22 avril 1912 9 place Saint Thomas à Landerneau.

Il est rappelé par décret de mobilisation générale le 1er août 1914, affecté au 19e régiment d’infanterie, il arrive au corps le 3 août 1914.
Il décède le 31 octobre 1914 à l’hôpital Militaire temporaire n°5 bis d’Amiens des suites de blessures de guerre. (source : AD29 – 1R1396). Sa fiche est consultable sur Mémoire des Hommes. Le registre matricule n’indique pas le lieu et la date de la blessure.

Monument aux morts de Landerneau

Monument aux morts de Landerneau

Il repose à la nécropole Nationale Saint Pierre (tombe 1254) à Amiens.

Registre matricule de Jean François Jaume

Victor Jôme, condamné pour désertion

Alors que Sébastien Pouliquen, son beau-frère est honoré le 7 octobre 1916 pour sa grande bravoure, son courage et du sang froid, Victor Jôme est condamné à mort par le Conseil de Guerre pour abandon de poste en présence de l’ennemi. La peine est commuée en 20 ans d’emprisonnement.

Victor est de la classe 1905 et porte le matricule 1662. Il avait les cheveux et les sourcils châtains, les yeux bleus, le front haut, un nez et une bouche moyenne, un menton rond et un visage ovale. Victor mesurait 1m58. Il ne savait ni lire ni écrire.

Il est incorporé au 19e régiment d’infanterie le 8 octobre 1906 et arrive au corps le dit jour en tant que soldat de 2e classe. Il est envoyé en congé le 25 septembre 1908 et obtient un certificat de bonne conduite. Il est passé dans la réserve de l’armée active le 1er octobre 1908.

Le registre matricule recense ses différentes résidences :

  • En 1905, il réside à Rumengol comme ses parents.
  • Le 26 septembre 1908, il habite Lanvéoc à Lugunéat
  • Le 28 novembre 1910, Victor réside à Landerneau où il est sabotier, place Saint-Thomas
  • Le 17 avril 1911, il est domicilié à Saint-Martin-des-Champs cher Mr Hervé
  • Le 2 juillet 1911, il habite à Carhaix, 5 rue Hollo
  • Le 12 août 1911, Victor réside à Rosnoën à Kerjacob

Il a accompli une période d’exercices au 19e régiment d’infanterie du 28 août au 19 septembre 1911.

Le registre matricule évoque aussi sa condamnation par le tribunal correctionnel de Quimperlé le 28 juillet 1914 à trois mois et un jour de prison pour vol.  Une recherche dans Gallica a permis de trouver un article sur sa condamnation et d’y recueillir quelques détails… :

Ouest eclair 31 juillet 1914Tréméven – Vol de vache. – Victor Jôme, 29 ans, sabotier, sans domicile fixe, a pénétré la nuit dans l’étable de M. Merdy, cultivateur à Ruernos, en Tréméven, et a volé une vache qu’il a emmenée ensuite dans la forêt de Carnoët où il travaillait à ce moment.
Sur les observations de ses camarades, Jôme abandonna la vache et prit la fuite.
Trois jours après, dans la commune de Scaër, il volait dans l’étable de Le Gall un veau qui lui échappait quelques temps après. Trois mois et un jour d’emprisonnement (source : Journal Ouest-Eclair – 31 juillet 1914)

Il passe au 11e groupe spécial des réservistes des bataillons d’Afrique à Vannes. Il est rappelé à l’activité par décret de mobilisation générale du 1er août 1914. Il est affecté au 19e régiment d’infanterie et arrive au corps le 24 septembre 1914.
Victor est condamné par le Conseil de Guerre de la 61e  le 24 mars 1916 à 3 ans de travaux publics pour désertion à l’intérieur en temps de guerre.

Il passe au 318e régiment d’infanterie le 28 mars 1916 puis au 219e régiment d’infanterie.

Après sa condamnation le 7 octobre 1916,  Victor est détenu à la Maison Centrale de Fontevrault (dans l’ancienne abbaye). Il décède le 13 octobre 1918 à Sainte-Gemmes-sur-Loire (Maine-et-Loire) selon l’avis de décès du Maire de Sainte-Gemmes-sur-Loire en date du 26 octobre 1918. (source : AD29 – 1R1339).

Il décède le 13 octobre 1918 à Sainte-Gemmes-sur-Loire (Maine-et-Loire) selon l’avis de décès du Maire de Sainte-Gemmes-sur-Loire en date du 26 octobre 1918. Il n’y a pas de prison dans cette commune mais un établissement psychiatrique. Son acte de décès et des recherches un peu plus poussées devraient donner un peu plus de renseignements…

Registre matricule de Victor Jôme