6 juin 1916 – 6 juin 2016
Hommage à mon arrière-grand-père
Hervé Marie Guillerm est né le 17 août 1890 à Guiclan (Finistère) dans une famille de cultivateurs. Ses parents étaient Jacques Guillerm et Catherine Direr.
1er conducteur canonnier
Numéro de matricule 1259, Hervé Guillerm est de la classe 1910.
Le registre matricule nous donne des informations intéressantes :
- Il réside avec ses parents à Saint-Thégonnec (Finistère).
- Il avait les cheveux et les sourcils châtains, les yeux roux, un front ordinaire, un nez moyen, une bouche moyenne, un menton rond, un visage ovale. Il mesurait 1m64.
- Son degré d’instruction générale est de 3, c’est-à-dire qu’il possède une instruction primaire plus développée.
Il est incorporé au 51e régiment d’artillerie à Vannes (Morbihan) le 10 octobre 1911.
Le 5 octobre 1912, il devient 1er canonnier conducteur.
Le 6 juin 1916
Hervé est blessé d’une plaie pénétrante à l’hémothorax droit en procédant à un ravitaillement sous un violent bombardement. Il est cité à l’ordre de ?? (effacé) et il obtient la Croix de guerre.
Historique du 51e régiment d’artillerie
Verdun
Le 51e, après avoir débarqué au sud de Sainte-Menehould, fait route vers le Nord et arrive dans la région de Verdun le 30 mai. La grande voix du canon, que l’on entendait déjà de Champagne, s’est rapprochée et c’est un grondement continuel…Le cœur se serre, et chacun devient grave…à la pensée que bientôt il sera en pleine fournaise !… Depuis février dernier, les Boches s’acharnent à prendre la place forte de Verdun. Les nombreux forts qui la défendent sont bouleversés, et seul, désormais, le rempart humain peut arrêter les vagues toujours renouvelées de l’ennemi. Nos Bretons et Vendéens, déjà tant aguerris, sont fiers de ce que le haut commandement ait pensé à eux pour enrayer cette grande attaque, et tous sont persuadés que, s’ils succombent, ils sauront faire payer chèrement leur vie.
Défensive (Juin 1916)
Le 30 mai, le régiment cantonne sur la rive gauche de la Meuse, près du bois Laville. Les reconnaissances sont enlevées le soir même et transportées en camion jusqu’à Verdun où les attendent des guides de chacun des groupes à relever. Les désignations des positions ont été faites avant le départ : la 1er groupe (commandant Maillard) doit se rendre au ravin du Pied-du-Gravier ; le 2e groupe (capitaine Multner) à la station de Fleury ; le 3e groupe (commandant Brun) au bois de Fleury. Le commandant Saramito prend le commandement de l’artillerie du sous-secteur. La lutte d’artillerie fait rage, les éclairs des pièces et des explosions illuminent sans arrêt les pentes de Saint-Michel et de Belleville, et c’est au milieu du bruit assourdissant de nos grosses pièces, répondant largement au Boche, que les reconnaissances, après avoir reçu des instructions du colonel commandant l’artillerie du secteur, au Faubourg Pavé, gagnent leurs positions par des pistes, hélas ! Trop bien jalonnées : les ravitaillements de la nuit ont déjà payé leur tribut et, près de Saint-Michel, gisent des voitures complètes ; les conducteurs sont tués et au passage des reconnaissances, quelques chevaux tentent en vain de se soulever. Partout de nombreux cadavres de chevaux : l’air est par moment irrespirable ! Les reconnaissances s’effectuent sans gros incident et la relève par section a lieu dans les nuits du 31 mai au 1er juin et du 1er au 2 juin. Le mois de mai a été relativement calme, et les prédécesseurs ont peu souffert pendant leur séjour. Le mois de juin sera un des plus durs de la gigantesque bataille de « Verdun », où le kaiser déclare vouloir entrer le 22 juin. Le régiment a le secteur immédiatement à l’ouest du fort de Douaumont. Dès le 2, le Boche commence une puissante préparation et, jusqu’au 23, n’a pas cessé de lancer attaques sur attaques. Elles se brisent d’abord sur le front que couvre le régiment ; la liaison optique ne cesse à aucun moment d’être assurée entre l’infanterie et les groupes ; les barrages se déclenchent instantanément et les canonniers font l’admiration de ceux, qui les voient à l’œuvre. Un colonel commandant une brigade d’infanterie, qui a son poste de commandement à Fleury, ne peut retenir ses larmes en voyant les batteries qui sont près de son P.C. répondre instantanément à toutes les demandes de barrage, sous un tir violent de plusieurs batteries boches de gros calibre !… « Bravo, les artilleurs ! » S’écrie-t-il enthousiasmé, et il ajoute : « C’est admirable, je n’aurais jamais cru pareille chose possible ! » Les pertes furent lourdes pendant ces premières journées, et nos braves furent au-dessus de tout éloge. Ces canonniers n’interrompaient leur tir que pour retirer ceux qui tombaient et l’on put voir certaine pièce servit par un blessé et un infirmier continuer le barrage demandé. Tout le monde était électrisé et surexcité : nos servants, enivrés par la poudre, faisaient rendre à leur matériel tout ce qu’il pouvait donner et tiraient comme des enragés à la vue d’une fusée ou d’un signal de projecteur, ou même au seul bruit du groupe voisin qui se déclenchait !…Certains jours, la consommation dépassa 15.000 obus par groupe, réduit souvent le soir à une pièce par batterie ; le 6, dans l’après-midi, les munitions vinrent à manquer : on en déterra de la boue et le tir ne fut pas interrompu.
Historique du 51e R.A.C. et du P.A.D. 21 – Librairie Chapelot Paris – Date et auteur inconnus – Numérisé par Daniel AUBRET
Son évacuation
Il est évacué le 6 juin 1916 sur l’ambulance 4/54 à Landrecourt (Meuse). Il y entre le 7 juin jusqu’au 16 juin 1916.
A l’hôpital
Hervé est évacué sur l’hôpital 68 de Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) où il séjourne du 17 juin 1916 au 10 août 1916.
En convalescence
Le 10 août 1916, Hervé est évacué sur le dépôt de convalescents de Riom (Puy-de-Dôme) jusqu’au 15 août 1916.
Dans l’Armée d’Orient
Il passe au 43e régiment d’artillerie de campagne le 11 mai 1917. Rengagé pour deux ans le 7 novembre 1917 à compter du 1er octobre 1917. Il suit le 38e d’artillerie à Nîmes. Il séjourne 23 mois en Orient où il contracte une dysenterie amibienne. Il passe au 43e régiment d’artillerie de campagne le 1er mai 1918.
Sa démobilisation
Il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 16 août 1919. Son dépôt démobilisateur est le 1er régiment d’artillerie coloniale à Lorient. Il se retire alors à Saint-Thégonnec.
Blessé de guerre
Il est maintenu dans le service armée et proposé pour une pension temporaire d’invalidité de 10% par décision de la commission spéciale de réforme de Versailles le 23 juillet 1923, pour cicatrice oblique de 20 cm scapulaire et petite dépression osseuse de l’omoplate cicatrice souple dorso-lombaire droite et petite cicatrice axillaire, gène légère de l’élévation du bras.
Il est démobilisé le 16 août 1919.
Les chemins de fer
Hervé Guillerm obtient un emploi réservé du fait de sa blessure. Il est classé affecté spécial des chemins de fer de l’Etat comme cantonnier à Maisons-Laffitte le 5 avril 1921. Il décède en 1953 à Mézières-Seine (Yvelines)